cheval, un poing sur la hanche, l’autre en l’air, braillard, entraînant par ses fariboles une multitude amaigrie. C’était l’histoire de « Marion ».
De son casque passé sous le bras, des martins-pêcheurs s’envolaient vers les compagnies, tournaient autour des visages, éventaient de battements d’ailes les fronts brûlants et les lèvres sèches ; et reprenant force et reforce, l’armée acclamait le roi et le suivait en chantant.
— Je leur sifflai ce jour-là un « rebiroulé » dont ils se souviennent, fit le Gascon ; qui bien chante bien plante.
La neuvième tapisserie, superbe entre toutes, représentait Corisande, la toison dénouée, le regard comme un soleil, fougueuse et amoureuse, embrassant contre ses seins nus les drapeaux ennemis gagnés à Coutras. Le roi, devant elle, palpita longuement.
— Voilà, se dit-il, la plus grave de mes erreurs ; ces drapeaux avaient couvert des soldats, et pour épargner le scrupule d’une orgueilleuse maîtresse j’en fis un lit à l’amour.
Il s’approcha du métier de l’or, de l’argent, de l’argent et de l’or, il n’y avait pas la moindre tache.
Ses yeux éperdus erraient sur les neuf tableaux, le long des ans qu’il venait de vivre, et le dernier conseil de sa mère chuchotait tout bas à son âme :
« Je vous requiers, mon fils, de penser jour et nuit au travail des haute-lissières, et qu’a-