la France est femme, lui faut un galant qu’elle aime, et n’a que faire de vos trop lourdes libertés. Du pain dans sa huche, un amour au cœur, des armes pour les défendre, voilà sa vie. (Il se calmait peu à peu) Problèmes, rêves, idées : philosophicailles que cela, abstractions chimériformes, du vent ! Faire de la politique m’a toujours semblé vaniteux, c’est gratter un quintal de marbre avec ses ongles. Au lieu de tant tournoyer, pourquoi ne pas aller au droit but, qui est de faire moudre les moulins ? Vivre ! crie la France, vivre en paix ; éteindre mes querelles religieuses, me débarrasser de la gale dont me rongent cent mille maîtres, n’en respecter qu’un : être une dans un. N’entendez-vous point par cela qu’elle veut demeurer latine, et que j’ai raison contre vous qui pensez et parlez comme des Germains et Gaulois ? Assez. Il me suffit de croire qu’à la besogne vous me soutiendrez de vos peines. Je n’ai jamais eu manque de hardiesse, et vous en faudra, compagnons. Après le jour mortel viendra le jour du triomphe : ce sera le jour de la paix. Je ferai alors comme Robin à la noce, du mieux que je pourrai ; et j’espère qu’avec vos conseils nous amènerons sur la France un temps de demoiselle : ni brouillards, ni vents, ni grésils. — Tous les diables ! Ma langue ! J’ai parlé comme une poissonnière du Petit-Pont !
Il s’assit. Sa figure animée redevint morne. — Faut s’aller coucher, dit-il au bout d’un instant.