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bien que celles des organismes les plus élevés. Il démontre facilement que les hypothèses de catastrophes, du retrait brusque des mers, que toutes ces machines à effet, dues à l’imagination des anciens auteurs bien plus qu’à l’observation sérieuse de la nature, dont on a tant abusé et dont l’usage n’est, pas encore tout à fait perdu de nos jours, n’expliquaient rien en réalité, c’est-à-dire la destruction de certaines espèces, la persistance de certaines autres pendant que de nouvelles formes apparaissaient à leur tour. Nous verrons que Linné, que Walch, que Bruguière, pensaient, avec beaucoup d’autres naturalistes, que les espèces fossiles dont les analogues vivants n’avaient pas été retrouvés devaient exister dans les profondeurs des mers non encore explorées.

Mais Brocchi portait ses vues plus loin. « Quant à moi, dit-il (page 409), je crois qu’il est tout à fait superflu de faire tant de frais d’imagination et de supposer tant de causes accidentelles et particulières pour expliquer un fait qu’on peut croire dépendre d’une loi générale et constante (da una legge generale e costante). »

« Pourquoi donc, continue-t-il, n’admettrait-on pas que les espèces s’éteignent comme les individus, et qu’elles ont, comme ceux-ci, une période fixe pour la durée de leur existence ? Rien n’est permanent sur la terre, et la nature y conserve son activité dans le même cercle, mais avec des modifications incessantes. »

Un laps de temps déterminé a dû être assigné à la vie de l’individu, et ce temps, très-variable dans ceux d’une même espèce, l’est plus encore lorsque l’on considère des espèces différentes, soit végétales, soit animales. L’accroissement et la durée des corps organisés sont prévus, limités et restreints à une certaine quantité de force développée. Que ce principe s’applique à une monade ou à un Éléphant, à un cryptogame microscopique ou au Baobab du Sénégal, la loi est partout la même.

La nature suit toujours des proportions de grandeur et de temps dont elle ne s’écarte pas dans un sujet donné. S’il y a quelques déviations au principe, c’est plutôt pour abréger que