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sans qu’aucun germe de science se fût développé chez elles. Par conséquent, l’absence ou le peu d’ancienneté des recherches scientifiques ne peut pas être une preuve de la nouveauté d’un peuple ; il n’y a ici aucune relation entre la cause présumée et l’effet.

De ce que la culture des sciences ne remonte pas bien haut dans l’histoire de l’humanité, on n’est pas en droit d’en conclure que l’espèce humaine n’est pas fort ancienne. Nous ignorons complètement les conditions et la longueur de temps exigées pour que, de l’ignorance profonde où sont encore aujourd’hui certains peuples, ils puissent arriver, par exemple, à la connaissance du mouvement de Sirius. Les monuments de l’art, ceux de l’industrie et les traditions nous semblent encore très-insuffisants pour déterminer l’ancienneté absolue de la race humaine en général, et nous sommes toujours obligés d’interroger les phénomènes de la nature si nous voulons trouver quelques éclaircissements à cet égard[1].

Cependant Cuvier consacre cent vingt pages de son livre à prouver, par des recherches historiques, astronomiques, et par la discussion de documents de diverses natures, la nouveauté des continents, et que l’antiquité excessive attribuée à

  1. Ceci est, on le conçoit, tout à fait indépendant des questions d’unité ou de pluralité de l’espèce humaine, d’un seul ou de plusieurs centres de création, de simultanéité ou de non-simultanéité de ceux-ci, des affinités ou des dissemblances des races, des migrations par telle ou telle cause, dans telle ou telle direction, etc., questions qui sont toutes anthropologiques ou de zoologie géographique et simplement de relations, tandis que les seules qui nous intéressent ici sont des questions de temps que les précédentes sont impuissantes à résoudre. L’anthropologie est muette à cet égard comme la philologie ou la linguistique, comme l’archéologie, en un mot comme toutes les manifestations de la pensée humaine antérieures à celle de la mesure du temps, aux moyens de l’exprimer et d’en transmettre les résultats aux générations qui se sont succédé. C’est l’absence de ces données directes qui force à recueillir tous les faits qui, même par des voies détournées, permettraient d’évaluer approximativement la durée de ces âges de l’humanité antérieurs à toute chronique écrite. C’est d’ailleurs un sujet sur lequel nous aurons occasion de revenir dans la seconde partie du cours de cette année.