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esprit, ordinairement si positif et si pratique, n’a pu se soustraire. Est ce un doute de sa part, là où il n’y avait en effet aucune preuve ? il serait très-naturel et motivé ; si c’est une concession, nous ne l’en féliciterons pas.

Il pouvait d’ailleurs dire que l’établissement de l’homme, dans les pays où l’on avait cité des animaux terrestres fossiles, était postérieur non-seulement au phénomène par suite duquel ces os ont été enfouis, mais encore à celui qui a émergé les couches où ils se trouvent, et qui sont les dernières formées. On ne possédait alors aucune donnée sur la contemporanéité de ces animaux avec l’espèce humaine ; les allusions indirectes au texte de la Genèse n’étaient donc nullement nécessaires.

En recherchant dans la formation des deltas, des dunes et des tourbières, etc., les preuves physiques du peu d’ancienneté de l’état actuel des continents, thèse que nous avons vue si longuement développée par de Luc, Cuvier se borne à citer. quelques points des côtes de l’Europe ; mais nous avons rappelé (antè p. 323) quelques-unes des évaluations modernes relatives à l’ancienneté des alluvions des grands fleuves, évaluations qui laissent bien loin derrière elles, tout en les confirmant, celles des périodes de Buffon. Ici, Cuvier, au lieu d’agrandir la question, la restreint aux proportions les plus exiguës, en la ramenant à des recherches sur les résultats artistiques ou scientifiques des anciens, et aux chroniques de quelques peuples. Quant aux traditions des Égyptiens, des Juifs et des Grecs, elles semblent être si peu anciennes ou si peu complètes, lorsqu’on cherche à remonter à celles de l’Inde, de la Chine et d’autres nations dont les origines nous sont inconnues, qu’on ne peut rien conclure de pareils documents.

Si les monuments astronomiques ne portent pas de dates très-reculées, cela prouve seulement ou l’ignorance des peuples, ou que les observations les plus anciennes ne nous sont point parvenues. Les populations de la Polynésie, de l’Australie, de l’Afrique centrale, les Sauvages de l’Amérique, etc., pourraient avoir vécu des milliers d’années avant les Chaldéens