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réciproquement, ainsi que le dit Ovide dans ces vers si connus :

…Vidi factas ex æquore terras
Et procul à pelage conchæ jaeuêre marinæ[1]
.

Horace, dans son ode à Auguste, peint d’une manière non moins élégante l’envahissement des terres par la mer, suivant les traditions de son temps.

« Les peuples ont tremblé ; ils ont craint le retour de ces temps de colère et de prodiges où Pyrrha vit avec épouvante Protée chasser les troupeaux de Neptune sur le sommet des montagnes, les poissons s’arrêter dans les branches de l’orme où avait reposé le nid de la colombe, les daims tremblants nager sur les eaux qui couvraient la terre. »

Lucrèce, qui admettait l’infini dans l’espace et dans le temps, ainsi que la perpétuité de la matière incessamment changeante dans sa forme, repousse énergiquement les hypothèses précédentes.

« C’est outrager la vérité, dit-il, que de reconnaître dans le feu le principe et la base de la nature. Condamnons donc ces philosophes qui regardent l’air comme le principe de tous les corps, ceux qui ont attribué le même pouvoir à l’onde, ceux qui ont affirmé que la terre, soumise à toutes les métamorphoses, revêtait la forme de tous les êtres, enfin, ces savants obscurs qui, doublant les éléments, unissent l’air au feu, la terre à l’eau, ou qui, les joignant tous quatre, font éclore d’un tel mélange tous les hôtes du monde[2]. »

Strabon, qui avait voyagé en observateur et écrit en critique éclairé, discuta les opinions d’Ératosthène, de Xantus, de Straton, et avança cette idée remarquable dont la justesse et la profondeur n’ont été appréciées que bien des siècles après, savoir : que le sol était tantôt soulevé, tantôt abaissé, et que la mer devait y avoir laissé des traces irrécusables de ces mouvements successifs[3].

  1. Metam., lib. XV, vers. 201.
  2. De rerum natura, lib. I, vers. 705-716.
  3. Géographie, liv. I, chap. III.