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les empreintes des êtres périssables ; c’est en effet par elle que nous reconnaissons ses plus anciennes productions et que nous avons une idée de ces espèces maintenant anéanties, dont l’existence a précédé celle de tous les êtres actuellement vivants ou végétants ; ce sont les seuls monuments des premiers âges du monde ; leur forme est une inscription authentique qu’il est aisé de lire en la comparant avec les formes des corps organisés du même genre… C’est surtout dans les coquillages et les poissons, premiers habitants du globe, que l’on peut compter un plus grand nombre d’espèces qui ne subsistent plus ; nous n’entreprendrons pas d’en donner ici l’énumération, qui, quoique longue, serait encore incomplète ; ce travail sur la vieille nature exigerait seul plus de temps qu’il ne m’en reste à vivre, et je ne puis que le recommander à la postérité ! »

Or la postérité a répondu avec empressement à l’appel de notre grand naturaliste, et l’on peut juger aujourd’hui de tout ce qu’il y avait de vrai et de prophétique dans ces remarques de celui qui avait tant médité sur le passé de la terre.

Il développe ensuite les faits relatifs à chacune de ses époques. La première étant celle de l’état fluide du globe et la seconde celle de la formation des roches cristallines anciennes, nous n’aurions pas à en parler ici s’il n’y prenait occasion de raisonner sur les moyens de se rendre compte de la durée des temps écoulés, sujet sur lequel il insiste avec toute raison pour répondre à l’objection qu’on lui avait faite sur l’ancienneté de notre planète, à laquelle il assigne 75000 ans.

« Eh ! pourquoi, dit-il (p. 113), l’esprit humain semble-t-il se perdre dans l’espace de la durée plutôt que dans celui de l’étendue, ou dans la considération des mesures, des poids et des nombres ? Pourquoi cent mille ans sont-ils plus difficiles à concevoir et à compter que cent mille livres de monnaie ? Serait-ce parce que la somme du temps ne peut se palper ni se réaliser en espèces visibles ? ou plutôt n’est-ce pas qu’étant accoutumés, par notre trop courte existence, à regarder cent ans comme une grosse somme de temps, nous avons