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succession avec laquelle l’Intelligence supérieure exécuta les différents ouvrages dont il y est parlé. »

On peut reconnaître, dans Telliamed, deux parties distinctes : l’une comprenant l’observation exacte de certains faits et les réflexions naturelles qu’ils suggèrent ; l’autre des renseignements vagues, douteux ou tout à fait faux, servant de point de départ aux hypothèses les plus étranges. La première, qui aurait dû seule fixer l’attention, est précisément celle qui a été négligée, tandis que la seconde a échappé à l’oubli, demeurant comme un exemple souvent cité de conception bizarre ou originale. Le retentissement du livre, lors de son apparition, est dû à cette partie purement hypothétique, à laquelle l’auteur faisait sans doute allusion dans sa dédicace.

L’ouvrage est divisé en six entretiens ou journées, rapportés aux années 1715 et 1716[1]. Or, ce qui nous semble mériter d’être rappelé ici se trouve compris dans les trois premiers entretiens ; les autres, qui ont fait la fortune de Telliamed, sont précisément ceux sur lesquels nous croyons inutile d’insister.

L’idée fondamentale de de Maillet, le grand fait d’où il déduit la formation des terrains, celle des continents et des îles, le développement successif des végétaux et des animaux, c’est l’existence, qu’il croit avoir démontrée, des eaux de la mer ayant enveloppé tout le globe à son origine, puis ayant diminué peu à peu jusqu’à leur état actuel. Tout est subordonné à ce résultat qui, par une coïncidence singulière, n’est autre que celui qu’admettaient les prêtres égyptiens trois mille ans avant qu’il ne vint puiser ses inspirations dans cette même vallée du Nil. Il procède d’ailleurs, dans ses recherches, avec beaucoup d’ordre et de méthode, ce qui était assez rare alors.

Ayant observé que les pierres éloignées de la mer, comme celles qui en sont le plus rapprochées, avaient le même aspect et les mêmes caractères ; qu’on y rencontrait partout, à toutes les hauteurs, des coquilles pétrifiées et différentes les unes des

  1. Il n’est pas inutile de rappeler cette date, qui est sans doute celle à laquelle de Maillet écrivait.