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le massif qu’il désigna sous le nom de l’Épaule gauche du Mont-Blanc était formé de granite divisé par des fentes verticales dirigées N.-E., S.-O., suivant le plan des couches. La stéatite, l’hornblende, la chlorite, la pyrite, la delphinite (épidote), y sont plus ou moins répandues. Enfin, la roche apparente la plus élevée de la montagne et même de toute l’Europe se rencontra, à 2400 toises, composée de granites en masse avec hornblende, et stéatite remplaçant le mica, le feldspath en constituant les trois quarts. Les roches situées au sud de la cime, dominant l’Allée-Blanche, sont encore des granites, des syénites et des pétro-silex.

Le sommet du Mont-Blanc, qui fut atteint dans la matinée du 5 août, n’offrit à de Saussure qu’une arête allongée, fort étroite, à peu près horizontale, s’abaissant à ses extrémités, et dirigée E.-O. Elle est entièrement formée par la neige. Les roches en place n’affleurent qu’à 60 ou 70 toises au-dessous. Vues de ce point culminant, les montagnes environnantes, surtout celles situées au nord, dans la Suisse et la Savoie, paraissent assez bien liées entre elles et former des espèces de chaînes. « Mais les montagnes primitives n’ont point cet aspect ; elles paraissent distribuées en grandes masses ou en groupes de formes variées et bizarres, détachés les uns des autres, ou qui du moins ne paraissent liés qu’accidentellement et sans aucune régularité » (p. 179).

« Des observations faites dans toute la hauteur de ces massifs, il résulte, continue-t-il, une propriété bien remarquable des montagnes en couches verticales, c’est que leur nature est la même depuis leur base jusqu’à leur cime, quelle que soit l’élévation de cette dernière. Dans celles, au contraire, dont les couches sont horizontales ou à peu près, on voit la nature de la même section verticale changer à mesure qu’on s’élève, circonstances qui tiennent à la différence de la cause qui a donné à ces diverses montagnes leur situation et leurs formes. Dans celles qui sont composées de tranches verticales, chaque tranche est une seule et même couche, dans le sens propre du mot, et non le résultat de quelques fissures accidentelles,