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qu’il avait lus ; et même chaque académicien prenait le nom de celui de ces anciens auteurs pour lequel il avait le plus de goût, ou de quelque personnage célèbre de l’antiquité. Alcuin, entre autres, des lettres duquel nous avons appris ces particularités, prit celui de Flaccus, qui était le surnom d’Horace ; un jeune seigneur qui se nommait Angilbert, prit celui d’Homère ; Adelard, évêque de Corbie, se nomma Augustin ; Riculphe, archevêque de Mayence, Damétas ; et le roi lui-même, David.

Ce fait peut servir à relever la méprise de quelques écrivains modernes, qui rapportent que ce fut pour se conformer au goût général des savans de son siècle, qui étaient grands admirateurs des noms romains, qu’Alcuin prit celui de Flaccus Albinus.

La plupart des nations ont à présent des Académies, sans en excepter la Russie. Il y en a peu en Angleterre ; la principale et celle qui mérite le plus d’attention, est celle que nous connaissons sous le nom de Société royale, et on peut y joindre la Société d’Edimbourg. Il y a cependant encore une Académie royale de musique et une de peinture établies par lettres-patentes, et gouvernées chacune par des directeurs particuliers.

En France nous avons des Académies florissantes en tout genre, tant à Paris que dans d’autres villes.

ACADEMIE FRANÇAISE.

Cette Académie a été instituée en 1635 par le cardinal de Richelieu, pour perfectionner sa langue ; et en général elle a pour objet toutes les matières de grammaire, de poésie et d’éloquence. La forme en est fort simple, et n’a jamais reçu de changement : les membres sont au nombre de quarante, tous égaux ; les grands seigneurs et les gens titrés n’y sont admis qu’à titre d’hommes de lettres ; et le cardinal de Richelieu, qui connaissait le prix des talens, a voulu que l’esprit y marchât sur la même ligne à côté du rang et de la noblesse. Cette Académie a un directeur et un chancelier, qui se tirent au sort tous les trois mois, et un secrétaire, qui est perpétuel. Elle a compté et compte encore aujourd’hui parmi ses membres, plusieurs personnes illustres par leur esprit et par leurs ouvrages. Elle s’assemble trois fois la semaine au vieux Louvre pendant toute l’année ; le lundi, le jeudi et le samedi[1]. Il n’y a point d’autres assemblées publiques que celles où l’on reçoit quelque académicien nouveau, et une assemblée qui se fait tous les ans le jour

  1. Depuis son institution elle était en exercice toute l’année sans interruption ; sous le règne de Louis XVI elle prenait des vacances pendant les mois de septembre et d’octobre.