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À M. ***

CONSEILLER AU PARLEMENT DE ****.




Souffrez, monsieur, qu’un citoyen inconnu, mais zélé, historien impartial de la destruction des Jésuites, rende un hommage public au patriotisme vraiment philosophique que vous avez montré dans cette affaire. En excitant contre la société le zèle des magistrats, vous n’avez pas négligé de fixer leur attention éclairée sur tous les hommes qui auraient avec cette société ultramontaine certains traits de ressemblance, et qui, vêtus de noir, de gris ou de blanc, reconnaîtraient comme elle au sein de la France une autre patrie et un autre souverain.

Vous n’avez pas moins montré de lumières en dénonçant aux sages dépositaires des lois tous les hommes de parti, quels qu’ils puissent être, tous les fanatiques, quelque livrée qu’ils portent, soit qu’ils invoquent François de Paris ou François de Borgia, soit qu’ils soutiennent les décrets prédéterminants ou les secours congrus.

Si l’auteur de cet écrit eût été à portée de vous demander vos conseils, son ouvrage y eût sans doute beaucoup gagné. Puissiez-vous, tel qu’il est, lui accorder votre suffrage, et le recevoir comme une faible marque de la reconnaissance que vous doivent la religion, l’État, la philosophie et les lettres !