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DE D’ALEMBERT.

légères qui lui étaient échappées ; il répond à quelques critiques qu’on avait faites de son ouvrage dans des brochures jansénistes, et à cette occasion il peint les fanatiques de ce parti avec les couleurs qu’ils méritent : dans la seconde lettre, d’Alembert parle de l’édit du roi d’Espagne qui a expulsé les jésuites de ce royaume, et fait à ce sujet des réflexions dictées par l’humanité et par la philosophie ; il y rappelle un beau trait d’une lettre qu’il avait reçue du roi de Prusse. Quoique invité, dit ce prince, par l’exemple des autres souverains, je ne chasse point les jésuites, parce qu’ils sont malheureux ; je ne leur ferai point de mal, étant bien sûr d’empêcher qu’ils n’en fassent ; et je ne les opprime point, parce que je saurai les contenir. En 1768, d’Alembert ayant prononcé à l’Académie des sciences, en présence du roi de Danemarck, un discours qui a été imprimé dans le volume de l’Académie pour l’année 1768, et dans différens journaux, l’infant, duc de Parme, en fit une traduction italienne qu’il envoya écrite de sa main à d’Alembert ; il y joignit peu de temps après une lettre, aussi écrite de sa main et pleine de témoignages d’estime pour les lettres en général et pour d’Alembert en particulier.

D’Alembert a reçu aussi plusieurs lettres écrites de la main de l’impératrice Catherine, du roi de Danemarck, du prince royal de Prusse et des princes de Brunswick. Le roi de Prusse lui a beaucoup écrit de lettres qui feraient le plus grand honneur aux lumières, aux connaissances, à la philosophie et à la bonté du monarque, si le respect eut permis à d’Alembert de les rendre publiques.

Ce prince donna encore une nouvelle preuve de générosité à d’Alembert. Ce savant ayant résolu d’aller en Italie pour rétablir sa santé, et n’ayant pas assez de fortune pour faire ce voyage à ses frais, s’adressa au roi de Prusse, qui avait eu la bonté de lui faire souvent des offres à ce sujet, et qui ordonna à son banquier de lui faire toucher six mille livres. Des raisons particulières ne lui ayant permis d’aller que jusqu’en Languedoc et en Provence, il remit à son retour à Paris, au banquier du roi de Prusse, environ quatre mille livres qui lui restaient, et qu’il n’avait pas dépensées. Le roi de Prusse fit écrire à son banquier de remettre ces quatre mille livres à d’Alembert, qui ne les accepta que sous les ordres réitérés du roi, et pour ne pas déplaire à son auguste bienfaiteur.

Outre les ouvrages de philosophie et de littérature publiés par d’Alembert, il a donné quinze volumes in-4°. sur les mathématiques.

Il a revu toute la partie de mathématiques et de physique