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DU SYSTÈME FIGURÉ.

Il est inutile de s’étendre sur les avantages de l’histoire de la nature uniforme. Mais si l’on nous demande à quoi peut servir l’histoire de la nature monstrueuse, nous répondrons, à passer des prodiges de ses écarts aux merveilles de l’art ; à l’égarer encore ou à la remettre dans son chemin ; et surtout à corriger la témérité des propositions générales, ut axiomatum corrigatur iniquitas. Quant à l’histoire de la nature pliée à différens usages, on en pourrait faire une branche de l’histoire civile ; car l’art en général est l’industrie de l’homme appliquée par ses besoins ou par son luxe, aux productions de la nature. Quoi qu’il en soit, cette application ne se fait qu’en deux manières, ou en rapprochant ou en éloignant les corps naturels. L’homme peut quelque chose ou ne peut rien, selon que le rapprochement ou l’éloignement des corps naturels est ou n’est pas possible.

L’histoire de la nature uniforme se distribue suivant ses principaux objets, en histoire céleste ou des astres, de leurs mouvemens, apparences sensibles, etc., sans en expliquer la cause par des systèmes, des hypothèses, etc. ; il ne s’agit ici que des phénomènes purs. En histoire des météores comme vents, pluies, tempêtes, tonnerres, aurores boréales, etc. En histoire de la terre et de la mer, ou des montagnes, des fleuves, des rivières, des courans, du flux et reflux, des sables, des terres, des forêts, des îles, des figures, des continens, etc. En histoire des minéraux, en histoire des végétaux, et en histoire des animaux, d’où résulte une histoire des élémens, de la nature apparente, des effets sensibles, des mouvemens, etc. ; du feu, de l’air, de la terre et de l’eau.

L’histoire de la nature monstrueuse doit suivre la même division. La nature peut opérer des prodiges dans les cieux, dans les régions de l’air, sur la surface de la terre, dans ses entrailles, au fond des mers, etc., en tout et partout. L’histoire de la nature employée est aussi étendue que les différens usages que les hommes font de ses productions dans les arts, les métiers et les manufactures. Il n’y a aucun effet de l’industrie de l’homme qu’on ne puisse rappeler à quelque production de la nature. On rappellera au travail et à l’emploi de l’or et de l’argent, les arts du monnoyeur, du batteur d’or, du fileur d’or, du tireur d’or, du planeur, etc. ; au travail et à l’emploi des pierres précieuses, les arts du lapidaire, du diamantaire, du joaillier, du graveur en pierres fines, etc. ; au travail et à l’emploi du fer, les grosses forges, la serrurerie, la taillanderie, l’armurerie, l’arquebuserie, la coutellerie, etc. ; au travail et à l’emploi du verre, la verrerie, les glaces, l’art du miroitier, du vitrier, etc. ; au travail et à l’emploi des peaux, les arts de cha-