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J’unissais mes regrets, et ma juste douleur
Confondait leurs deux noms tous deux chers à mon coeur.
Du temple, émus soudain, les murs au loin gémissent,
Des cors retentissants les sons guerriers frémissent ;
La fraîcheur du matin, le silence des airs
Donne un nouvel éclat à leurs bruyants concerts.
Je m’élance, éperdu de l’enceinte sacrée ;
De nombreux pèlerins je la vois entourée ;
Tous appellent : Voltaire, et l’écho du vallon
Renvoie en murmurant la moitié de son nom.
Sur un char triomphal son image placée
D’illustres souvenirs entretient la pensée ;
Là, dominant la foule, un favori des arts
Par sa brillante écharpe appelle nos regards,
Et de son vieil ami réclamant la poussière,
De son message auguste il informe Celliere :
C’est lui qui dans Paris hâta ce jour heureux,
C’est lui qui rassembla ces pèlerins nombreux,
Secondé par les soins d’une épouse sensible
Dont Voltaire embellit sa carrière paisible ;
C’est lui qui, défiant et la haine et l’erreur,
Prépara le premier l’autel du bienfaiteur :
Au théâtre, au sénat sa tendresse fidèle
Avait sollicité cette fête immortelle,
Il avait pour ce jour prodigué ses trésors.
Noble ami, que son ombre erre en paix chez les morts !
Ah ! si jamais, l’envie ose ternir sa gloire,
Ce trait chez nos neveux vengera sa mémoire.

Le vieillard à l’instant de l’asile pieux
S’élance, Oh ! quelle joie éclatait dans ses yeux !