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lisme, en passant par le Parnasse, l’apogée !

Mais qu’après un temps de recueillement, on s’interroge en toute indépendance, et l’on verra si, malgré ses « torts » reconnus par Verlaine lui-même, la rime ne reste pas l’élément non pas essentiel du vers (loin de là !) mais le mieux approprié pour relever les harmoniques un peu sourdes de la langue française.

Ainsi pensait Baudelaire. Et l’on sait que ce large esprit eut tant de clairvoyance des choses de son art qu’on écrirait toute une étude rien qu’en commentant ses notes intimes.

Il note quelque part, en effet :

Comment la poésie touche à la musique par une prosodie dont les racines plongent plus avant dans l’âme humaine que ne l’indique aucune théorie classique ; que la phrase poétique peut imiter (et par là elle touche à l’art musical et à la science mathématique) la ligne horizontale, la ligne droite ascendante, la ligne droite descendante ; qu’elle peut monter à pic vers le ciel sans essoufflement, ou descendre perpendiculairement vers l’enfer avec la vélocité de toute pesanteur ; qu’elle peut suivre la spirale, décrire la parabole ou le zigzag figurant toute une série d’angles superposés…

Combien d’exemples ne nous viennent pas en mémoire pour illustrer cette prose subtile !

— Lignes droites, horizontales, ascendantes ou descendantes :

Elle se développe avec indifférence…
Comme montent au ciel les soleils rajeunis