Page:Dérieux - Baudelaire, 1917.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 41 —

…Une certaine Bénédicta qui remplissait l’atmosphère d’idéal et dont les yeux répandaient le désir de la grandeur, de la beauté, de la gloire et de tout ce qui fait croire à l’immortalité…

À la très chère, à la très belle
Qui remplit mon cœur de clarté,
À l’Ange, à l’idole immortelle
Salut en immortalité !

Et comme, en tous les cas, la phrase s’élance plus sonore et frappe le sol d’un pied plus léger en passant de la prose au vers. C’est là qu’on découvre les étapes qu’il faut franchir pour arriver à cette perfection « celée », dont parlait Moréas.

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage comme un homme altéré dans l’eau d’une source et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air…

Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure !
Ô boucles ! ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir !



Comment soutenir sérieusement que Baudelaire s’est diminué en acceptant la servitude de la métrique traditionnelle ? Pour les vrais poètes cette servitude est aussi le chemin de la libération. Si Baudelaire, lui, peina pour y