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de famille et les manches retroussées, tu me glorifieras fièrement et tu seras content…


Entends-tu retentir les refrains des dimanches
Et l’espoir qui gazouille en mon sein palpitant ?
Les coudes sur la table et retroussant tes manches
Tu me glorifieras et tu seras content.


J’allumerai les yeux de ta vieille femme. Et ton cher petit tout pâlot… je lui rendrai les belles couleurs de son berceau et je serai, pour ce nouvel athlète de la vie, l’huile qui raffermissait les muscles des anciens lutteurs.


J’allumerai les yeux de ta femme ravie ;
À ton fils je rendrai sa force et ses couleurs
Et serai pour ce frêle athlète de la vie
L’huile qui raffermit les muscles des lutteurs.


Je tomberai au fond de ta poitrine comme une ambroisie végétale. Je serai le grain qui fertilise le sillon douloureusement creusé. Notre intime union créera la poésie. À nous deux nous ferons un Dieu et nous voltigerons vers l’infini comme les oiseaux, les papillons, les fils de la Vierge, les parfums et toutes les choses ailées…


En toi je tomberai, végétale ambroisie,
Grain précieux jeté par l’éternel semeur,
Pour que de notre amour naisse la poésie
Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur !


Qu’est-ce qui ressort de ce parallèle ? D’abord que tous les mots essentiels se trouvent déjà dans la prose et, qui plus est, en général, les mots-rimes. Ceux-ci n’ont donc pas été imposés par des nécessités seulement métriques. Ce ne sont pas des « chevilles », mais, au contraire, des mots plus rares, plus sonores, plus lumi-