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Κατὰ Μειδίου λογοσ.

2o4 HARANGUE CO«TRE MIDIAS.

Il est clair néanmoins , et je vais vous le démonlrcr, que Midias , sans user de violence, sans m’insulter, sans me frapper, pouvait me mortifier et s’honorer auprès de vous par des moyens légitimes, en sorte que je n’aurais pu même ouvrir la bouche. Quand je me suis offert , à la face de tout le peuple, pour être chorége dans ma tribu, il pouvait se lever et s’oifrir pour l’être dans la sienne, se déclarer mon antagoniste, disputer avec moi de libéralité, et, par une noble émulation, m’enlever la victoire : m’insulter cependant et me frapper, il ne l’aurait pas dû, même alors. Mais, loin de tenir cette conduite , loin de se piquer d’une magnificence qui eût fait honneur au peuple d’Athènes, il m’a poursuivi, ô Athéniens, moi qui me suis offert pour être chorége , par un trait de générosité , ou de folie peut-être : car il y a peut-être de la folie à vouloir briller plus qu’on ne peut ; il m’a poursuivi, ouvertement, d’une manière atroce ; il a porté des mains impies sur des vêtemens sacrés, sur les couronnes préparées pour le chœur, enfin sur la personne du chorége. Si quelqu’un de vous n’est pas irrité contre Midias jusqu’à le juger digne de mort, il n’est pas disposé comme il doit l’être. Est-il juste, en effet, que la retenue de l’offensé soit une raison de ménager celui qui l’a insulté sans aucun ménagement ? La justice ne demande -t -elle pas qu’on punisse l’un comme auteur des plus grands maux parmi les