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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

craindre pour vous, le plus digne de votre attention, sur l’accroissement de sa grandeur, et que, sans être en garde contre ses mauvais desseins, vous étiez animés par des haines mutuelles toujours prêtes à éclater, je travaillais sans cesse à prévenir une rupture ouverte. Et je n’étais pas le seul convaincu qu’il importait de réunir les deux peuples. Je savais qu’Aristophon, et ensuite Eubulus, s’étaient occupés, dans tous les tems, de ce projet d’alliance, toujours d’accord sur ce point, quoique souvent opposés sur les autres. Vous les flattiez, cœur faux et perfide, vous leur faisiez la cour pendant leur vie, et vous n’avez pas honte de les décrier après leur mort ! car tous les reproches que vous me faites au sujet de notre alliance avec Thèbes, ne tombent pas aussi directement sur moi, que sur eux, qui l’approuvèrent avant moi.

Mais reprenons le fil de notre discours. Lorsque ce traître eut allumé la guerre d’Amphisse ; lorsque d’autres citoyens, associés dans sa trahison, eurent réussi à diviser les deux peuples, Philippe, et c’était-là le but de leurs intrigues, commençait à marcher contre nous ; et, si nous ne nous étions pas réveillés à tems, nous n’aurions pu même nous reconnaître, tant leurs manœuvres étaient bien conduites. Vous allez voir par les décrets d’Athènes, et par les lettres de Philippe, comment vous étiez avec les Thébains. Greffier, prenez ces pièces, et faites-en lecture.