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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

se sont rendues d’elles-mêmes ; celles qui ont fait résistance, nous les avons détruites, après les avoir emportées de force, et réduit les habitans en servitude. Mais, comme j’apprends que vous vous disposez à secourir les Phocéens, je vous conseille, par cette lettre, de vous épargner ce soin. En général, votre conduite ne me semble nullement régulière : vous concluez la paix avec moi, et vous prenez les armes contre moi pour un peuple qui n’est pas compris dans notre traité. Si vous violez nos conventions, vous ne gagnerez que d’avoir commis les premiers une injustice.

Vous entendez comme il parle, comme il s’exprime clairement dans la lettre qu’il vous adresse à vous-mêmes, c’est-à-dire, à ses alliés. « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait contre le vœu et en dépit des Athéniens. Ainsi, Thébains et Thessaliens, si vous êtes sages, vous les regarderez comme vos ennemis, vous vous abandonnerez à moi ». Voilà ce que dit sa lettre, ou du moins voilà ce qu’elle veut dire. Par cette politique, il vint à bout d’aveugler, d’endormir ces deux peuples, de façon que, sans nulle prévoyance, sans nul pressentiment de l’avenir, ils le laissaient s’agrandir librement de toutes parts. Et c’est là ce qui a enfin opéré la ruine totale des malheureux Thébains. Celui qui a secondé Philippe, qui, de concert avec ce prince, les a jetés dans une confiance aveugle ; celui qui vous a trompés vous-mêmes par de faux rapports