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SUR LA COURONNE.


thènes a été icvincible. Le discours que nous analysons est si beau, qu’on serait presque tenté de le copier en Tanalysant. J’abrège pour le reste.

Après la bataille de Chéronée, le peuple, loin de lui témoigner aucun mécontentement, l’emploie partout ; il sort victorieux de toutes les accusations qu’on lui intente. Eschine l’avait représenté comme un misérable poursuivi par la Fortune, et qui communiquait son malbeur à tous ceux des affaires desquels il se mêlait. Il prend de là occasion de comparer la fortune de toute sa vie avec celle de toute la vie d’Eschine. Suivant celui-ci encore, il était la cause des maux que tous les peuples avaient éprouvés dans les derniers tems. Une infinité d’hommes qui ne l’ont jamais ni vu ni entendu, des peuples chez lesquels il n’a jamais été, viennent d’essuyer mille affreux revers : est-ce lui qui est cause que le sort les persécute. 11 examine quelles doivent être les qualités et la conduite d’un orateur estimable. Il les a, lui, ces qualités ; il Ta tenue, cette conduite ; et le peuple l’a reconnu d’une façon bien honorable, lorsqu’il l’a choisi, préférablement à tous les autres orateurs, pour faire l’éloge des guerriers morts à Chéronée. Eschine n’est pas animé de sentimens patriotiques ; il n’a jamais parlé pour la patrie ; il ne parle que pour satisfaire sa haine ; il triomphe, lorsque tout le monde est dans l’affliclion. Telle est son animosité, qu’il lui reproche même d’avoir été dévoué à Philippe. Cependant, lorsque tous les ministres de toutes’es villes, à commencer par Eschine, se sont vendus à Philippe, et ensuite à son fils Alexandre, lui seul est toujours resté incorruptible ; et voilà pourquoi surtout il prétend mériter une couronne. Il parle de la réparation des murs et des fossés, sur laquelle son adversaire a voulu jeter du ridicule. Ce service, sans doute, méritait des éloges et une récompense ; mais il a rendu des services bien