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SECONDE PHILIPPIQUE.

au grand jour toutes ses infamies ; et ce moment n’est pas éloigné, si telle est la volonté des dieux, et si telle est aussi la vôtre. De même que dans le corps humain les maux des parties affectées ne se font point sentir tant qu’on jouit d’une bonne santé, mais qu’à la première maladie qui survient, tous les vices intérieurs, fractures, luxations, et autres lésions des organes, tout se réveille, tout se déclare avec une nouvelle force ; de même les maux qui couvent dans l’intérieur d’une république ou d’une monarchie, ne paraissent pas, tant que la guerre se fait au-dehors ; mais sitôt qu’elle approche des frontières, alors tous les maux cachés se déclarent.

Si quelqu’un de vous, voyant ainsi prospérer Philippe, le regarde comme un ennemi redoutable, il a raison sans doute ; car la fortune a une grande influence dans les choses humaines, ou plutôt la fortune est tout. Cependant si l’on me donnait à choisir entre votre fortune et la sienne, et que je vous visse déterminés à exécuter seulement une partie de ce que vous devez faire, je ne balancerais pas à choisir votre fortune préférablement à la sienne ; car vous avez plus de raison que lui de compter sur la bienveillance des dieux. Mais nous restons plongés dans l’inaction ; or, l’indolent ne peut pas exiger de ses amis, et encore moins des dieux, qu’ils agissent pour lui. Il n’est donc pas étonnant qu’un prince qui fait la guerre en personne, qui affronte tous les travaux, qui