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DISCOURS.

ont réussi en effet ; ils ont excellé même dans tous les genres auxquels ils se sont appliqués : dissertations oratoires, éloges des personnages fameux, discours moraux, tragédie et comédie[1]. Nous avons été fort loin dans tous ces genres, et peut-être plus loin que les anciens mêmes ; et si nous sommes restés au-dessous d’eux dans les genres délibératif et judiciaire, qui, selon moi, sont les seuls champs de la véritable éloquence, c’est que les occasions nous ont manqué.

Il faut des occasions[2] à l’orateur pour déployer ses talens ; il ne fera pas des discours

  1. La tragédie et la comédie, considérées par rapport aux détails de l’action, me semblent appartenir à l’éloquence telle que je l’ai définie, l’une dans le plus haut style, et l’autre dans le style le plus familier. Ce sont, dans l’une et dans l’autre, des hommes qui, affectés de passions plus ou moins fortes, plus ou moins sérieuses, cherchent à emporter sur le champ ce qu’ils désirent, par une éloquence plus ou moins relevée, plus ou moins simple. — Nous avons été fort loin… Que de chefs-d’œuvres admirables ne nous ont pas donnés dans la tragédie, Corneille, Racine et Voltaire ; dans la comédie, Molière et plusieurs autres ; Fléchier et Bossuet dans l’oraison funèbre ; Massillon et Bourdaloue dans le discours moral ; une infinité d’excellens écrivains dans toute espèce de dissertations !
  2. J’appelle occasions pour l’orateur, non-seulement de grands sujets à traiter, comme pour le poëte, mais encore ces circonstances heureuses où, en traitant des sujets qui intéressent le public, il travaille pour sa fortune et son élévation.