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raient-elles pas envie aux amies, qui, durant les grandes chaleurs, faute de quelques dollars, seraient restées en des arrière-boutiques, ou en de très modestes logis de leur quartier ?

Quant à Marguerite Nadeau, plus mondaine, elle posait à l’artiste, s’extasiait à faux sur la beauté des sites. Tout autre que Raoul Thérien l’aurait trouvée insupportable.

Depuis leur rencontre à l’orée de la pinède, l’ingénieur, instamment invité par la blonde fille, venait chaque jour la voir à l’hôtel. Ils sortaient, bras dessus, bras dessous, allaient se promener dans les environs.

La mine fleurie, exubérants de vie, l’air heureux, ils faisaient jaser. De mauvaises langues prétendaient qu’ils étaient fiancés.

Par une fin d’après-midi, comme le soleil se couchait, dardant ses rayons rouges cerise sur un cimetière protestant, aux pierres tombales couvertes de mousse, au silence troublé par les derniers bourdonnements d’abeilles rentrant dans une ruche placée entre deux stèles funéraires, Raoul et Marguerite, que ce spectacle touchait particulièrement, s’assirent contre le tronc d’un vieux cèdre, dans l’attente du cré-