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par Tallemant, collecteur de toutes les médisances de l’époque. Ce scandale étant arrivé aux oreilles du duc d’Arpajon (à moins qu’il n’ait assisté à la première représentation) il se demanda s’il n’abritait pas une vipère dans son hospitalière demeure. Un accident banal, une poutre qui lui était tombée sur la tête quelques mois auparavant, forçait Cyrano à garder la chambre. Le duc lui fit sentir que sa présence déplaisait. Sa sœur Catherine de Cyrano, prieure du couvent des Filles de la Croix, la Mère Marguerite de Jésus, son ami Le Bret lui trouvèrent en juin 1654 un asile dans la maison de messire Tanneguy Régnault des Bois-Clairs, chevalier, conseiller du roi. Malgré les soins prodigués au malade pendant quatorze mois par son nouveau Mécène (celui à qui Le Bret devait dédier l’édition originale et… mutilée de l’Histoire comique des États et Empires de la Lune), l’état de Cyrano s’aggrava subitement. Se sentant mourir, il voulut être transporté dans la maison que son cousin Pierre de Cyrano, sieur de Cassan, possédait à Sannois et y expira le 28 juillet 1655.

Doit-on attribuer aux suites de son accident arrivé à l’hôtel d’Arpajon la mort de Cyrano ? C’est douteux. Les blessures de la tête sont généralement mortelles à bref délai ou sans gravité. L’affection qui l’a conduit au tombeau, a chance d’avoir été la dernière phase de la syphilis de 1645 ; elle se serait portée au cerveau.

Devant la mort Cyrano a eu l’attitude des libertins du xviie siècle, tant était encore forte l’empreinte religieuse de leur éducation, il a fini chrétiennement. Le témoignage de Le Bret, à qui il avait demandé de mettre au jour ses œuvres posthumes, est à cet égard décisif :


… Cette humeur si peu soucieuse de la fortune et si peu des gens du temps lui fit négliger plusieurs belles connois-