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Par contre, abstention complète dès amis de Cyrano : on chercherait vainement dans les feuillets préliminaires un distique, un quatrain élogieux de Le Bret, de Royer de Prade, de Tristan L’Hermite, etc.

La dédicace de la Mort d’Agrippine est rédigée dans le ton habituel des panégyriques outrés ; celle des Œuvres diverses ou plutôt des Lettres débute par un léger travestissement de la vérité : « Ce livre ne contient presque qu’un ramas confus des premiers caprices ou, pour mieux dire, des premières folies de ma jeunesse. J’avoue même que j’ai quelque honte à l’avouer dans un âge plus avancé. » En réalité la plupart des dites lettres s’échelonnaient de 1647 à 1650. Cyrano leur avait fait subir des corrections telles que, pour certaines, elles équivalaient à une refonte complète : la forme en avait été profondément modifiée, les passages irréligieux supprimés ou atténués, les titres changés, etc., etc. Les noms de Chapelle, de La Mothe Le Vayer fils, de Montfleury, disparaissaient ; M. Du Tage se métamorphosait en M. de V., etc.

Le sort avait un peu trop favorisé Cyrano. La Mort d’Agrippine, représentée à l’Hôtel de Bourgogne, provoquait un scandale ; elle eut à peine quelques représentations, si on en croit Tallemant, l’âvocat Gabriel Guéret et enfin les Ménagiana :


Les badauds à l’instant où Séjan, résolu à faire périr Tibère, qu’il regardait déjà comme sa victime, vint dire à la fin de la scène IV du IVe acte :

Frappons, voilà l’Hostie et l’occasion presse


ne manquèrent pas de s’écrier : Ah ! le méchant ! Ah ! l’athée ! Comme il parle du Saint-Sacrement.


On se garda d’incriminer Cyrano comme athée, on le traita simplement de fou ; ce qualificatif lui est appliqué