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Louis, vicomte, puis duc d’Arpajon, marquis de Séverac, Montclar et autres lieux, grand soldat et honnête homme au sens de ce mot au XVIIIe siècle, d’une culture intellectuelle médiocre, se bornait à retenir les titres des ouvrages réputés qu’il n’avait pas lus, de façon à laisser quelques illusions aux écrivains. Tallemant le raille d’avoir voulu « cajoler Sarrazin »,


— Ah ! monsieur, lui dit-il que j’aime votre Printemps !

— Je ne l’ai point fait, dit Sarrazin : c’est une pièce de Montplaisir.

— Ah ! votre Temple de la Mort est admirable !

— C’est de Habert… »


Saint-Simon l’appelle un « bonhomme ».

Ce « bonhomme » avait fait la guerre en Turquie d’une manière si remarquable que l’Ordre de Malte lui conféra la distinction sans précédent de Chevalier grand-croix perpétuel et héréditaire.

Ayant été agréé par le duc d’Arpajon dans les premiers mois de 1653, Cyrano assiste en spectateur, très effacé d’ailleurs, aux fêtes que le duc donne dans son magnifique hôtel du Marais. Loret dans sa Muse historique parle de la réception du 7 février 1654 :


Jeudi, quantité de bouteilles
Contenant des boissons vermeilles,
Firent joyeusement glou glou
En l’Hôtel du duc d’Arpajou,
Qui d’une chère sans seconde
Traita quantité de beau monde.
Tout y fut assez jovial,
Car la comédie et le bal
Qui suivirent cette abondance
Divertirent fort l’assistance.

Se sentant dépaysé au milieu de ce luxe, presque exilé dans cette atmosphère d’ordre et de respect bien diffé-