À l’abri de tout souci matériel immédiat, Cyrano est d'humeur à reconnaître les services qu’on lui avait rendus. Le jeune graveur François Bignon — probablement le fils de Pierre Bignon, bourgeois et marchand, qui s’était porté caution de sa dette envers Élie Pigou — préparait de concert avec Zacharie Heince, autre peintre graveur (celui-là même à qui l'on doit les deux portraits authentiques de Cyrano) un grand in-folio devant contenir, selon le désir exprimé par Richelieu, la reproduction des effigies d’hommes illustres qui ornaient la galerie de son Palais-Cardinal. Émerveillé par cette série de vingt-cinq planches, accompagnées de notices biographiques de Vulson de la Colombière, Cyrano compose un madrigal adressé à Bignon :
Les enfants immortels du cuivre et du burin.
Ces hommes que la paix engendre dans la guerre,
(Si j’ose ainsi parler sans respect du tonnerre).
Verront périr le genre humain !
Car Dieu fit des hommes de terre ;
Et tu fais des hommes d’airain.
et une épître dédicatoire des deux graveurs au chancelier
Séguier dont ils terminaient le portrait. S’est-il livré
sur leur demande à ce travail Ou eh a-t-il pris spontanément
l’initiative ? Peu importe. Cet ouvrage devait
paraître six mois plus tard (13), avec une dédicace diffé-