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choix est bien souvent une marque de leur jugement et de leur conduite… C’est assez pour fermer la bouche à ceux qui déclament contre le cardinal Mazarin pour être né dans une pauvreté honteuse, et qui le trouvent digne de malédiction parce qu’ils le trouvent aujourd’hui digne d’envie…


Mais ceci concédé à Mazarin par Cyrano, le premier ministre n’est que plus coupable d’être sodomite, seconde mouture du Ministre d’État flambé. Puis il reprend toute la vie publique du cardinal. Le jugeant avec une extrême sévérité, il l’appelle « Attila, le fléau de Dieu » l’accuse de se déclarer contre le Pape et d’avoir fait assassiner un des neveux de ce dernier, etc., etc… Pour oser émettre de telles précisions, il fallait être assuré de l’impunité.

La Sibylle moderne ou l’Oracle du temps, écrite dans la même note, se termine par un sonnet remarquable :


Effroyables auteurs de nos calamités,
Ennemis de la paix qu’on nous faisoit attendre,
Superbes criminels qu’on ne peut plus défendre
Des maux que nous souffrons, et que vous méritez.

Quels désordres nouveaux aviez-vous médités ?
Quel bien dans nos maisons vous restoit-il à prendre ?
Et voulez-vous enfin mettre l’État en cendre,
Après l’avoir saigné presque de tous côtés ?

Ne vous flattez plus tant, misérables impies,
Ne vous déguisez plus, dangereuses Harpies,
La Fortune pour vous n’aura plus rien de beau.

Le Justice après vous, jour et nuit occupée,
Pour vous mieux reconnoistre a rompu son bandeau,
Et pour vous mieux punir a repris son épée !


Le Conseiller fidèle marque un recul dans l’injure. Le ton s’élève et atteint l’éloquence dans les Remontrances