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aïeux, sa noblesse ne laissa pas de lui être contestée. De semblables contes ne tarissent jamais dans la bouche des séditieux, qui cherchent partout un prétexte de refuser l’obéissance qu’ils doivent à ceux que le Ciel leur a donnés pour Maîtres.

Ils le poursuivent encore, et l’accusent d’avoir protégé les Cardinaux Barberins. Eût-il été honorable à la France d’abandonner des personnes sacrées qui réclamoient son secours, les Neveux d’un Pape qui avoit été durant tout son règne le fidèle ami de la France ? Les autres Nations n’auroient-elles pas attribué ce délaissement à l’impuissance de les maintenir ? Et ce témoignage de foiblesse n’auroit-il pas porté grand coup à sa Majesté très Chrétienne, de qui l’Empire se soutient autant sur sa réputation que sur sa force ?

Quand nos Calomniateurs se sentent pressés en cet endroit, ils changent de terrain, et crient qu’il a fait sur les peuples des extorsions épouvantables. Pour moi, je ne sais pas si la canaille entretient des intelligences dans les Royaumes étrangers, qui l’informent plus au vrai du maniement des finances, que n’en sont instruits le Conseil, l’Épargne et la Chambre des Comptes. Je sais bien cependant que la Cour de Parlement de Paris, qui l’accusoit du transport et du mauvais emploi de tant de comptant, après avoir examiné dans un si long loisir les traités et les négociations de Cantarini (306), ne lui a pas même imputé la diversion d’un quart d’écu ; et je pense que ses ennemis n’eussent pas oublié de le charger de Péculat, s’il s’en fût trouvé convaincu, plutôt que de faux crimes, dont ils ont en vain essayé de le noircir, manque de véritables. Outre cela, le Royaume est-il chargé d’aucun impôt qui ne fût établi dès l’autre règne ? Encore, il me semble qu’on ne les exige point avec tant de rigueur, qu’il se pratiquoit alors, quoique le fonds avancé par les