Page:Cyrano de Bergerac - L autre monde ou Les états et empires de la lune et du soleil, nouv éd, 1932.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jeu, vivant aux dépens de Dassoucy (9), sans le moindre volume de prose ou de vers à dédier à son protecteur et dont les démêlés qu’il avait avec son père n’étaient ignorés de personne.

Des loisirs il en a trop et est plutôt délaissé. Ses amis de la première heure lui restaient fidèles ; d’autres plus récents, comme le physicien Rohault, le prisaient fort ; mais la plupart étaient aussi impécunieux que lui. Les pochettes de Dassoucy, de Le Bret, de Tristan L’Hermite, de Royer de Prade sonnaient souvent le creux. Quel est celui d’entre eux qui l’engagea à écrire de préférence une comédie ? S’y décida-t-il spontanément ? On ne sait. Le sujet qu’il choisit lui fut inspiré par L’Enlèvement d’Hélène de Lope de Vega. Sa rancune endormie contre le principal du collège de Beauvais se réveille, il substitue au médecin de cette comédie Jean Grangier, et prend un malin plaisir à tracer le portrait aussi cruel qu’inexact du vieux savant mort depuis deux ans, aucune protestation n’étant plus à craindre. L’allusion au voyage en Pologne (acte II, scène 4) de Marie-Louise de Gonzague, duchesse de Mantoue, future femme de Ladislas, date le Pédant joué.

Entre temps, il envoie à Le Vayer de Boutigny un rondeau burlesque pour sa tragédie : Le Grand Selim ou le Couronnement tragique. Bien qu’anonyme, il porte sa griffe :

Pour te louer, moy fais vers drôlement
(Moy qui n’en fais, sinon par fondement),
Car autrement, moy ne puis reconnoistre
Tant d’amitié qu’à moy toy fais paroistre :
Ecoute donc, toy louer grandement,
Toy fais bien vers, toy moult as jugement
Toy ne fuis fille et bois aucunement,
Toy bon amy ; voudrois moy grand poète estre
__________Pour te louër.