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Philosophe dans le Soleil qui n’ait de la vénération pour lui ; jusque-là que l’on ne veut pas lui contester le premier rang, si sa modestie ne l’en éloigne.

« Pour tromper la peine que la longueur du chemin pourroit vous apporter, nous en discourrons suivant ses principes, qui sont assurément si clairs, et semblent si bien satisfaire à tout par l’admirable lumière de ce grand génie, qu’on diroit qu’il a concouru à la belle et magnifique structure de cet Univers.

« Vous vous souvenez bien qu’il dit que notre entendement est fini. Ainsi la matière étant divisible à ne faut pas douter que c’est une de ces choses qu’il ne peut comprendre ni imaginer, et qu’il est bien au-dessus de lui d’en rendre raison.

« Mais, dit-il, quoique cela ne puisse tomber sous les sens, nous ne laissons pas de concevoir que cela se fait par la connoissance que nous avons de la matière ; et nous ne devons pas, dit-il, hésiter à déterminer notre jugement sur les choses que nous concevons. » En effet, pouvons-nous imaginer la manière dont l’âme agit sur le corps ? Cependant on ne peut nier cette vérité, ni la révoquer en doute ; au lieu que c’est une absurdité bien plus grande d’attribuer au vide une espace qui est une propriété qui appartient au corps de l’étendue[1], vu que l’on confondroit l’idée du rien avec celle de l’être, et que l’on lui donneroit des qualités à lui qui ne peut rien produire, et ne peut être auteur de quoi que ce soit (236). « Mais, dit-il, pauvre mortel, je sens que ces spéculations te fatiguent, parce que comme dit cet excellent homme, tu n’as jamais pris peine à bien épurer ton esprit d’avec la masse de ton corps, et

  1. Var. de l’autre tirage : cette qualité de céder au corps et cet espace, qui sont les dépendances d’une étendue, qui ne peut convenir qu’à la substance.