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et particuliers qui sont nécessaires à le constituer, afin que cette agitation serrant nos corps peu à peu et les absorbant en un, chacun de nous par son mouvement créât en chaque partie le mouvement spécifique qu’elle doit avoir. Vous autres hommes ne pouvez pas les mêmes choses, à cause de la pesanteur de votre masse, et de la froideur de votre imagination. »

Il continua sa preuve, et l’appuya d’exemples si familiers et si palpables, qu’enfin je me désabusai d’un grand nombre d’opinions mal prouvées dont nos Docteurs aheurtés préviennent l’entendement des foibles. Alors je commençai de comprendre qu’en effet l’imagination de ces Peuples solaires, laquelle à cause du climat doit être plus chaude, leurs corps, pour la même raison, plus légers, et leurs individus plus mobiles (n’y ayant point, en ce Monde-là comme au nôtre, d’activité de centre qui puisse détourner la matière du mouvement que cette imagination lui imprime) je conçus, dis-je, que cette imagination pouvoit produire sans miracle tous les miracles qu’elle venoit de faire. Mille exemples d’événemens quasi pareils, dont les Peuples de notre globe font foi, achevèrent de me persuader. Cippus, Roi d’Italie, qui pour avoir assisté à un combat de taureaux, et avoir eu toute la nuit son imagination occupée à des cornes, trouva son front cornu le lendemain ; Gallus Vitius, qui banda son âme et l’excita si vigoureusement à concevoir l’essence de la folie, qu’ayant donné à sa matière par un effort d’imagination, les mêmes mouvemens que cette matière doit avoir pour constituer la folie, devint fou. Le roi Codrus, poulmonique, qui fichant ses yeux et sa pensée sur la fraîcheur d’un jeune visage, et cette florissante allégresse qui regorgeoit jusqu’à lui de l’adolescence du garçon, prenant dans son corps le mouvement par lequel il se figuroit la santé d’un jeune homme, se