grâce de me dire qu’il fallait aller au moins jusqu’à Moscou et à Nijni, afin d’avoir une juste idée du pays. « Pétersbourg est russe, ajouta-t-il, mais ce n’est pas la Russie. »
Ce peu de mots fut prononcé d’un son de voix qu’on ne peut oublier tant il a d’autorité, tant il est grave et ferme. Tout le monde m’avait parlé de l’air imposant, de la noblesse des traits et de la taille de l’Empereur ; personne ne m’avait averti de la puissance de sa voix ; cette voix est bien celle d’un homme né pour commander. Il n’y a là ni effort ni étude ; c’est un don développé par l’habitude de s’en servir.
L’Impératrice, quand on l’approche, a une expression de figure très-séduisante, et le son de sa voix est aussi doux, aussi pénétrant que la voix de l’Empereur est naturellement impérieuse.
Elle me demanda si je venais à Pétersbourg en simple voyageur. Je lui réponds que oui. « Je sais que vous êtes un curieux, reprit-elle.
— Oui, Madame, répliquai-je, c’est la curiosité qui m’amène en Russie, et cette fois du moins je ne me repentirai pas d’avoir cédé à la passion de parcourir le monde.
— Vous croyez ? reprit-elle avec une grâce charmante.
— Il me semble qu’il y a des choses si étonnantes