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n’est si loin de l’événement du jour que l’histoire de la veille ; aussi le pouvoir a-t-il des inadvertances, des naïvetés qui prouvent qu’il s’endort dans une sécurité quelquefois trompeuse. La politique russe n’est entravée dans sa marche ni par les opinions ni même par les actions ; la faveur du maître est tout ; tant qu’elle dure, elle tient lieu de mérite, de vertu, et, qui plus est, d’innocence à l’homme sur lequel elle se répand ; de même qu’en se retirant, elle le prive de tout. Chacun admirait avec une sorte d’anxiété l’immobilité des bras qui soutenaient les deux couronnes. Cette scène dura longtemps, et elle dut être fatigante pour les acteurs.

La jeune mariée est pleine de grâce, de pureté ; elle est blonde, elle a les yeux bleus ; son teint délicat et fin brille de tout l’éclat de la première jeunesse, l’expression de son visage est la candeur spirituelle. Cette princesse et sa sœur, la grande-duchesse Olga, m’ont paru les deux plus belles personnes de la cour : heureux accord des avantages du rang et des dons de la nature.

Quand l’évêque officiant présenta les mariés à leurs augustes parents, ceux-ci les embrassèrent avec une cordialité touchante. L’instant d’après l’Impératrice se jeta dans les bras de son mari : effusion de tendresse qui aurait pu être mieux placée dans une chambre que dans une chapelle ; mais en Russie les