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bois dans le plâtre, dans les plafonds, dans les murs, dans les planchers ; en peu de jours l’habitation est infectée sans ressources, et l’impossibilité de donner de l’air aux maisons pendant l’hiver éternise le mal.

Lorsqu’une habitation est trop infectée pour que les hommes continuent d’y vivre, on l’abandonne pendant un hiver, les fenêtres toutes grandes ouvertes. L’été suivant on y peut rentrer.

Le nouveau palais impérial, rebâti à tant de frais d’hommes et d’argent, est déjà rempli de ces bêtes ; on dirait que les malheureux ouvriers qui se tuèrent à orner plus vite l’habitation du maître, ont d’avance vengé leur mort en inoculant leur vermine à ces murs homicides ; déjà plusieurs chambres du palais impérial sont closes et cernées avant d’avoir été occupées. Si le château est infecté de cette troupe d’ennemis nocturnes, comment dormirais-je chez Coulon ? J’y renonce, mais la clarté des nuits me console de tout.

Tout à l’heure, à peine revenu des îles, à minuit, je suis encore ressorti à pied pour recueillir mes souvenirs et repasser dans ma mémoire les conversations qui m’avaient le plus intéressé pendant cette journée. Je vous en donnerai le résumé dans un instant.

Cette promenade solitaire m’a conduit à la belle rue appelée la Perspective Newski. Je voyais briller de loin, à la lueur du crépuscule, les petites colonnes