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grands effets pittoresques avec de telles données ? Le soin des hommes ne supplée qu’imparfaitement à la pauvreté de la nature. Ils ont fait ici tout ce qui pouvait se faire malgré le bon Dieu : c’est toujours bien peu de chose. Sous cette zone, les plantes de serre chaude, les fruits exotiques, même les produits des mines, l’or et les pierres précieuses sont moins rares que les arbres les plus communs de nos forêts : avec la richesse on se procure ici tout ce qui vient sous verre et sous terre : c’est beaucoup comme sujet de description dans un conte de fées, cela ne suffit pas dans un parc. Une des châtaigneraies, une des chênaies de nos collines seraient des merveilles à Pétersbourg : des maisons italiennes entourées d’arbres de Laponie, et remplies de fleurs de tous les pays, font un contraste extraordinaire plutôt qu’agréable.

Les Parisiens qui n’oublient jamais Paris appelleraient cette campagne peignée les champs Élysées russes ; cependant c’est plus grand, plus champêtre et à la fois plus orné, plus factice que notre promenade de Paris. C’est aussi plus éloigné des quartiers élégants. Le district des îles est tout à la fois une ville et une campagne ; quelques prés conquis sur la fange des tourbières vous font par moments croire qu’il y a là des bois, des villages, des champs véritables : tandis que des maisons en forme de temples, des pilastres encadrant des serres chaudes, des colonnades