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LETTRE NEUVIÈME.


Pétersbourg, ce 12 juillet 1839, au matin.

Ce fut avant-hier, entre neuf et dix heures, que j’obtins la libre entrée de Pétersbourg.

Cette ville est peu matinale : à ce moment de la journée, elle me fit l’effet d’une vaste solitude. De loin en loin je rencontrais quelques droschki… (Beaucoup de personnes disent droska ; droschki est le pluriel : mais il me paraît adopté à Paris sans acception de nombre.) Donc le droschki est mené par un cocher habillé à la manière du pays. L’aspect singulier de ces hommes, de leurs chevaux, de leurs voitures, est ce qui m’a paru le plus amusant au premier abord.

Voici le costume ordinaire des hommes du peuple à Pétersbourg, non pas des portefaix, mais des ouvriers, des petits marchands, des cochers, etc., etc. ; ils ont la tête couverte, soit d’une toque de drap à côtes, et en forme de melon, soit d’un chapeau à petit bord, à forme aplatie et plus large du haut que du bas : cette coiffure ressemble un peu à un turhan de femme ou à un berret basque ; elle sied bien aux hommes jeunes. Jeunes et vieux, tous ont de la barbe :