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périr sous vos murs : c’est à regret que je rentre chez vous ; mais je suis forcé de vous dire que plusieurs de vos gens ont été reconnus dans la mêlée, et que vous-même vous avez été vu cette nuit égorgeant de votre main un de mes hommes.

« Le baron, sans répondre, va fermer à petit bruit la porte de la chambre du gouverneur de son fils. Le naufragé continue : « Si je vous parle de la sorte, c’est parce que mon intention n’est pas de vous perdre ; je veux seulement vous prouver que vous êtes dans ma dépendance. Rendez-moi ma cargaison et mon bâtiment, qui, tout endommagé qu’il est, peut encore me conduire jusqu’à Saint-Pétersbourg ; je vous promets le secret auquel je m’engage par serment. Si le désir de la vengeance me dominait, je me serais jeté à la côte pour aller vous dénoncer dans le premier village. La démarche que je fais auprès de vous vous prouve le désir que j’ai de vous sauver en vous avertissant du danger auquel vous exposent vos crimes. »

« Le baron garde toujours un profond silence ; l’expression de son visage est grave, mais elle n’a rien de sinistre ; il demande un peu de temps pour réfléchir au parti qu’il doit prendre, et il se retire en disant que dans un quart d’heure il rapportera sa réponse.

« Quelques minutes avant l’expiration du délai