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passagers partis pour la Russie par le dernier paquebot : quelle n’est pas sa surprise en y lisant le nom de sa fille ! Elle prend des informations auprès du consul de Russie : plus de doute, la mère et la fille s’étaient croisées au milieu de la mer Baltique.

Aujourd’hui, la mère retourne à Pétersbourg où sa fille n’aura eu que le temps d’arriver pour ne pas accoucher sur mer.

Cette dame si contrariée est d’une société fort aimable : elle nous fait passer des soirées charmantes en nous chantant d’une voix agréable des airs russes tout nouveaux pour moi. La princesse D*** chante avec elle en partie et même accompagne quelquefois de certains pas gracieux les airs de danse des Cosaques. Ce spectacle national, ce concert impromptu, suspend les conversations d’une manière amusante, aussi les heures de la nuit et du jour s’écoulent-elles pour nous comme des instants.

Les vrais modèles du bon goût et des manières sociables ne se trouvent que dans les pays aristocratiques. Là, personne ne songe à se donner l’air comme il faut ; et c’est l’air comme il faut qui gâte la société dans les lieux sujets aux parvenus. Chez les aristocrates tous les gens qui se trouvent dans une chambre sont naturellement placés pour y entrer ; destinés à se rencontrer tous les jours, ils s’habituent les uns aux autres : à défaut de sympathie, l’intimité établit