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ples particuliers sur des innocents ; ils se croient forts parce qu’ils font des victimes. »

Prince, repris-je après avoir écouté attentivement cette longue série de déductions, je ne vous crois pas. C’est de l’élégance d’esprit que de s’élever au-dessus des préjugés nationaux et de faire comme vous le faites les honneurs de son pays à un étranger ; mais je ne me fie pas plus à vos concessions qu’aux prétentions des autres.

— Dans trois mois vous rendrez plus de justice au gouvernement de la parole et à moi ; en attendant, et tandis que nous sommes encore seuls, il disait ceci en regardant de tous côtés, je veux fixer votre attention sur un point capital : je vais vous donner une clef qui vous servira pour tout expliquer dans le pays où vous entrez.

« Pensez à chaque pas que vous ferez chez ce peuple asiatique, que l’influence chevaleresque et catholique a manqué aux Russes ; non-seulement ils ne l’ont pas reçue, mais ils ont réagi contre elle avec animosité pendant leurs longues guerres contre la Lithuanie, la Pologne et contre l’ordre teutonique et l’ordre des chevaliers Porte-Glaive.

— Vous me rendez fier de ma perspicacité ; j’écrivais dernièrement à un de mes amis que, d’après ce que j’entrevoyais, l’intolérance religieuse était le ressort secret de la politique russe.