Cette réunion, malgré les douleurs qu’elle renouvelait, fut une consolation.
Madame de Sabran avait cru sa fille perdue ; elle la retrouva, encore embellie par le malheur et réalisant l’ingénieux emblème du rosier, romance devenue célèbre alors dans l’Europe entière.
Ma grand-mère émigrée, ne pouvant écrire à sa fille pendant la terreur, lui avait fait parvenir en prison ces vers touchants autant que spirituels sur l’air de J.-Jacques.
Est bien à moi, car l’ai fait naître,
Ce beau rosier, plaisirs trop courts !
Il a fallu fuir, et peut-être
Plus ne le verrai de mes jours.
Beau rosier, cède à la tempête :
Faiblesse désarme fureurs,
Sous les autans, courbe ta tête,
Ou bien c’en est fait de tes fleurs.
Bien que me fis, mal que me causes,
En ton penser s’offrent à moi ;
Auprès de toi n’ai vu que roses,
Ne sens qu’épines loin de toi.