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ce riche fabricant du boulevard du Temple ; ces hommes avaient été employés à une manufacture de porcelaine fondée par mon grand-père à Niderviller, au pied des Vosges. Cette manufacture, établie avec beaucoup de magnificence, avait pendant longtemps fait vivre un grand nombre de personnes ; quand elle fut confisquée avec les autres biens du général Custine, le travail cessa : ceux des ouvriers qui pensèrent pouvoir gagner leur vie à Paris, vinrent y chercher de l’ouvrage chez Dyle, qui les employa tous. Parmi eux se trouvait Malriat, le père de Nanette.

C’est à ces hommes, montés alors au rang des plus puissants, qu’elle vint demander de s’intéresser au sort de leur ancienne dame. Depuis la Révolution, ils avaient assez entendu parler d’elle ; d’ailleurs, son souvenir était présent dans tous les cœurs.

Ils signèrent avec empressement une pétition dictée par Nanette, qui parlait et écrivait le français de la Lorraine allemande, et elle porta elle-même cette requête ainsi rédigée et apostillée à Legendre, ancien boucher. Cet homme présidait le bureau où l’on déposait toutes les demandes adressées à la commune de Paris en faveur des détenus.

Le papier de Nanette fut reçu comme les autres, et jeté dans un coin sur un rayon ouvert où se trouvaient des centaines de pétitions semblables. Il de-