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de sa vie : Mlle de M** était plus que sa fille, elle était son ouvrage. Quand elle chantait, accompagnée par sa mère, une de ces scènes italiennes où l’expression des sentiments, quelque vraie qu’elle soit, ne nuit jamais à la pureté de la mélodie, je frémissais de plaisir : sa voix basse et voilée convenait au genre sérieux ; et le contraste de ce visage éclatant de jeunesse et de fraîcheur avec un chant qui exprimait tout le trouble des passions, avait un charme dont j’ignorais le danger, et auquel je m’abandonnais sans défiance. La musique prête un langage aux passions, et, lorsque nous n’osons encore nous les avouer à nous-mêmes, elle va les réveiller, les créer, pour ainsi dire,