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L’ŒUVRE DE RICHARD WAGNER À PARIS

de gestes empêchait un peu de vraiment goûter. La scène de sa mort, c’est-à-dire le grand récit où sa mémoire se dessille, lui faisait du moins grand honneur. Vallier était un Hagen rude, vigoureux, excellent en tous points, avec un timbre grave superbe, Albers un Gunther plus pâle mais bien chantant. Waltraute était évoquée avec une éloquence vocale et une chaleur de jeu qu’on a rarement retrouvées depuis, par Rosa Olitzka. Quant à Gutrune, son interprète avait-elle manqué au dernier moment ? Ce n’est pas sous cet aspect que Jeanne Leclercq peut laisser un souvenir, mais sous celui de la première des Filles du Rhin, avec Mlles Vicq et Deville : ce trio évoqua des impressions bien rares de grâce onduleuse et comme fluide. Mlle Olitzka incarnait aussi l’une des Nornes du prologue, avec Mlles Melgounoff et Nedoff.

Pour achever en quelque sorte le caractère bayreuthien de ce festival, on fit appel aussi à plusieurs des plus réputés kapellmeister : Richter surtout, et Mottl. Même, des Siegfried allemands se succédèrent, tels Knote et Burgstaller, auxquels les Brunnhilde ne manquaient pas de répondre en leur langue, lorsqu’elles étaient en scène avec eux. On ne donnera pas ceci comme une façon harmonieuse de comprendre les représentations d’une grande œuvre ; mais il n’est que juste de souligner les impressions vraiment fortes qu’apportèrent ainsi, à leur tour, après Félia Litvinne, Ada Adiny, très héroïque, très noble, et Mme Bréma, si musicale.

À l’Opéra, l’œuvre n’a été mise en scène que six ans plus tard, le 23 octobre 1908 : c’était un des premiers desseins de M. Messager, devenu directeur, de la monter et de la diriger en personne. Il a fait l’un et l’autre avec sa précision coutumière, que servait