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sèrent avec ceux de la jeune femme. Les mains sur sa poitrine, elle semblait le supplier de comprendre. Et il comprit. C’était un rôle qu’elle s’était imposé, et qu’elle jouait vis-à-vis de l’homme-loup. Elle se forçait à lui sourire, elle contraignait son visage et ses lèvres à lui dire qu’elle était heureuse.

Et maintenant, c’était à Philip qu’elle s’adressait. Elle s’efforcait de lui dire, à lui, ce que ce jeu signifiait. Elle désigna du doigt Bram agenouillé, la tête énorme et les larges épaules courbées sur le sac, et, d’une voix basse et contractée, articula :

« Tossi, tossi, han er tossi… »

Que voulait-elle dire ainsi ? Philip se torturait l’esprit à le deviner. En désespoir de cause, il désigna du doigt le tas de bois. Sa pantomime était claire. Bram tournait le dos. Fallait-il l’assommer sur place d’un coup bien assené ? Mais elle secoua la tête et parut fort alarmée de cette idée.

Elle se remit à murmurer des mots incompréhensibles. Puis, regardant Bram à nouveau, elle répéta :

« Tossi, tossi, han er tossi… »

Soudain, pour se faire entendre, elle porta sa main à son front, en appuyant sur la racine de ses cheveux ses doigts fuselés. Ses yeux se dilatèrent et sa pensée en jaillit vers Philip. Elle lui