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en faisant rôtir sa tranche au-dessus du feu, il parla du Barren et d’une grande horde de caribous qu’il avait rencontrée, vers l’Est. Il posa diverses questions à Bram, sur le temps écoulé depuis son séjour dans le Barren, sur les loups et sur le pays, vers le Nord. Il était visible que Bram écoutait avec une attention soutenue tout ce qu’il disait, mais il ne répondait, de temps à autre, que par un de ses grognements coutumiers. Le souper achevé, il leur fallut attendre une bonne heure pour que la neige achevât de fondre dans la peau d’ours et se résolût en eau. Ils s’en désaltérèrent et en donnèrent à boire aux loups. La nuit était tout à fait tombée et, à la lueur du foyer, Bram se creusa, en guise de lit, un simple trou dans la neige. Puis il renversa sur lui le traîneau, pour s’en faire un toit.

Philip s’installa de son mieux dans son sac de couchage et étendit sa tente par-dessus. La forte respiration de Bram lui apprit bientôt que l’hommc-loup dormait. La flamme s’était éteinte. Il fut, quant à lui, plus long à s’assoupir, mais le sommeil finit par avoir raison de ses préoccupations et de son énervement.

Il dormait profondément lorsqu’il sentit une lourde poigne qui lui agrippait le bras. S’étant éveillé, il entendit la voix de Bram qui lui criait :

— Levez-vous, m’sieu ! »

La nuit était si noire qu’il ne pouvait voir