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— Cinquante milles, m’sieu, répondit Bram, sans hésiter.

— Et combien en avons-nous encore à parcourir ? »

Un grognement fut toute la réponse de Bram, dont la face redevint stupide. Il tenait dans sa main le coutelas dont il se servait pour découper la chair du caribou, et le regardait fixement. Il leva les yeux vers Philip.

« Moi tuer l’homme, près du lac de Dieu, dit-il, parce que lui m’avoir volé mon couteau et avoir appelé moi menteur. Moi le tuer comme ça ! »

Et, saisissant vivement un morceau de bois, il le rompit en deux.

Un accès de son rire sinistre suivit et, se dirigeant vers la viande, il en découpa plusieurs morceaux, pour lui, pour Philip et pour ses frères loups. Philip redoubla d’efforts pour le tirer de son mutisme. Il riait, sifflait et tenta même de chanter quelques bribes de la populaire Chanson du Caribou, que Bram avait certainement, souventefois entendue déjà[1]. Tout

  1. Dans Kazan, un autre de ses romans, J.-O. Curwood nous parle de la Chanson du Caribou, célèbre, dit-il, dans tout le Northland :
    « Oh ! le caribou-ou-ou, le caribou-ou-ou !
    Il rôtit en l’air,
    Haut sous le ciel clair,
    Le gros et blanc caribou-ou-ou ! »
    (Note des Traducteurs.)