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apprit qu’ils ne se dirigeaient plus vers le Nord, mais vers l’Ouest. Tous les quarts d’heure, à la suite, il vérifia cette orientation nouvelle, dont Bram ne se départit plus. Il n’avait pas été sans remarquer que la course avait pris cette allure échevelée depuis que Bram avait mis la main sur sa provision de vivres. Bram, à ce sujet, avait sans doute son idée fixe, car toujours, maintenant, il mâchonnait son obscur soliloque.

Le jour grisâtre noircissait lorsqu’enfin ils s’arrêtèrent. L’homme-loup sembla, durant un moment, avoir une fois encore retrouvé sa raison. Il montra du doigt, à Philip, le fagot de combustible et, s’exprimant comme un homme ordinaire :

« Un feu, m’sieu ! »

Les loups s’étaient effondrés dans leurs traits et, complètement épuisés, ils étendaient entre leurs pattes de devant leur grosse tête hirsute. Bram les passa rapidement en revue, adressa à chacun d’eux quelques paroles amies. Puis il retomba dans son mutisme.

Avec une peau d’ours, il confectionna une bouilloire et, à l’aide d’un bâton, après l’avoir remplie de neige, il la suspendit au-dessus de la pile de fagots. Philip frotta une allumette et la flamme joyeuse pétilla.

« Combien de chemin avons-nous parcouru ? questionna Philip.