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Tandis que la horde était occupée à la curée, Bram allait se présenter seul, et il le ferait prisonnier.

Philip se releva lentement sur ses genoux et se mit sur pied, toujours dissimulé dans l’ombre du sapin. Il mit de côté son fusil. Avec sa main droite, qu’il retira de sa mitaine, il se saisit de son revolver. Scrutant des yeux le clair-obscur nocturne, il attendait que Bram apparût sur la piste des loups.

Mais le son et la vue sont également trompeurs sur le Barren. Alors qu’il cherchait Bram sur la plaine blanche, Bram tout à coup se trouva là, à moins de vingt pas. Philip en demeura comme foudroyé.

Il réprima le cri prêt à s’échapper de ses lèvres et, à ce même moment, Bram s’arrêta net, debout et dressé dans la lumière des étoiles, ses larges poumons aspirant et expirant l’air, en un rythme puissant, tandis qu’il prêtait l’oreille dans la direction de ses loups.

C’était vraiment un géant, un phénomène humain. Peut-être la lueur douteuse de la nuit grandissait-elle encore sa taille. Sur ses épaules retombait une tignasse désordonnée, assez semblable à une touffe d’algues marines. Sa barbe était épaisse et courte, et, dans ses yeux phosphorescents, tels ceux d’un chat, Philip vit passer, comme une fulguration, le reflet des étoiles.